mercredi 28 août 2013

Le mot de la (fin de) semaine en Syrie : missile de croisière

Le missile de croisière est la vraisemblable vedette de la fin de semaine en Syrie, le temps que les chefs
d'éxécutifs puissent informer leurs parlements. Comme je le rappelais hier, les Etats-Unis l'ont utilisé systématiquement depuis la guerre du Golfe : en Irak donc, mais aussi au Soudan, en Afghanistan, au Kosovo et en Libye. Cette arme tirable d'avion, de frégate ou de sous-marin est très pratique car elle offre une belle allonge sans avoir à risquer la moindre vie humaine côté tireur : dans un pays comme la Syrie, hérissé de défenses sol-air, c'est une option plutôt tentante. Comme il vole très bas et très vite, il est difficile (mais pas impossible) à intercepter.
Sa navigation utilise plusieurs moyens : un altimètre, une centrale de navigation à inertie, le GPS -qui peut être brouillé, des alliés de la Russie ont déjà utilisé ces brouilleurs- et un autodirecteur terminal, en général infrarouge, avec reconnaissance de formes.
Le missile de croisière le plus connu est le Tomahawk, dont la technologie remonte aux années 70. Il a été modernisé plusieurs fois depuis. Il équipe les Etats-Unis et les sous-marins de la Royal Navy. La marine française ne dispose pas encore de son missile de croisière naval (MdCN), un programme qui a connu plusieurs glissements budgétaires. Il doit équiper d'abord les FREMM (en 2014), puis les sous-marins nucléaires d'attaque (peut-être vers 2019). 200 pièces doivent être commandées. La portée tutoierait le millier de kilomètres.
C'est moins que la version américaine, mais bien plus que le seul missile de croisière en stock actuellement : le Scalp-EG, développé en coopération franco-britannique à partir de 1996 par la toute jeune société Matra BAe Dynamics (MBDA aujourd'hui) dirigée par un jeune Matra boy qui a fait du chemin depuis, Fabrice Brégier (actuel patron d'Airbus).
500 pièces ont été produits pour la France, plus pour la Grande-Bretagne (près de 900) qui a été la première à tirer, en 2003, contre l'Irak, puis encore en 2011, contre la Libye. C'est lors de cette opération que la France a largué ses premiers missiles bons de guerre : 11 l'ont été par l'armée de l'air, et 4 par la marine.
Les Rafale marine et les Mirage 2000D ne peuvent emporter qu'un seul missile à la fois, tandis que les Rafale Air disposent de deux engins. La portée du Scalp-EG excède les 300 km. La LPM a engagé sa modernisation à mi-vie.
Plusieurs bons clients, notamment en Europe et dans le monde arabe, ont pu recevoir cette arme très précise.