jeudi 23 mai 2013

L'impunité des terroristes au Niger fragilise la présence française

Comme en octobre 2010 (à Arlit), comme en janvier 2011 (à Niamey), le terro-djihadisme a encore frappé
ce matin, très tôt, au Niger. Une caserne de l'armée locale a été attaquée à la voiture bélier à Agadez, ville soupçonnée d'héberger aussi des moyens de renseignement américains. Tandis qu'à Arlit, c'est un site Areva qui a été ciblé. Selon les faits établis par ma consoeure Aude Leroy d'Europe 1, la préparation a dû être minutieuse pour déterminer le meilleur créneau d'attaque, mais aussi synchroniser les deux attaques (séparées seulement par moins de quinze minutes). En réponse à ma question, l'EMA a confirmé qu'aucun militaire français n'avait été touché dans ces attaques.

Après l'attaque contre le site minier d'In Amenas en janvier dernier, la France avait pourtant de renforcer la sécurité contre les sites miniers d'Areva au Niger, et notamment, celui d'Arlit, pour l'approvisionnement de la France en uranium (un des éléments de l'intervention française au Mali). Difficile d'oublier les messages rassurants diffusés alors par les autorités françaises.
Mon confrère Jean Guisnel avait même évoqué le recours à des éléments du COS pour protéger les sites, en plus des moyens -de fait assez réduits- alignés par les forces de sécurité nigériennes.
La réalité serait un peu plus complexe, avec plusieurs dizaines d'éléments de la TF Sabre réputés en opérations dans cette zone, mais pas forcément en statique.
Néanmoins, l'immensité des zones en question rend difficile la détection d'adversaires très en amont.
Ce matin, néanmoins, le système sécuritaire a été très clairement pris en défaut à Arlit, pour la deuxième fois en trois ans. La concasseuse à uranium, ciblée par les terroristes -qui savaient apparemment où frapper- a été semble-t-il très significativement touchée.
Ces attaques réalisées en impunité totale -un terroriste serait même encore retranché à Agadez- va encore relever d'un cran le niveau sécuritaire, déjà particulièrement élevé.
La France -comme le Niger-, qui s'y refusait jusqu'à maintenant va devoir élever son niveau de mobilisation militaire au Niger, où elle déploie de plus des moyens dans le cadre de Serval (1). La sécurité publique nigérienne est manifestement dépassée par l'ampleur du problème.
Les statistiques le disaient -600 djihadistes référencés comme tués au Mali, soit à peine la moitié de ce qui déboulait en janvier du nord-Mali-, les faits de ce matin ne font que le rappeler : il reste encore des djihadistes très motivés, même s'ils ont disparu des cartes montrées à Paris. Et le succès des attaques de ce matin est évidemment la meilleure des campagnes de pub pour recruter du djihadiste.


(1) sans compter, évidemment, les enceintes diplomatiques : en quelques années, deux ambassades ont été ciblées à l'explosif dans cette région, à Tripoli et Nouakchott.