dimanche 14 mars 2010

Mémoires vives

Le 8 mai prochain, Kerlouan (Finistère-nord) dévoilera trois nouvelles plaques de rues, rappelant toutes le sacrifice d'un combattant du village. Le second maître Yves Turier était second maître cannonier à bord du sous-marin Rubis, qui s'était rallié au général de Gaulle, dès 1940. Le 14 octobre 1941, le général de Gaulle remettra au sous-marin la Croix de la Libération, rappelle le colonel François Bihan, auteur de "Pour se souvenir" et président de l'union locale des anciens combattants (1). Le Rubis aura accompli 28 missions pendant la guerre, devenant le bâtiment qui aura coulé le plus de navires allemands (18, en endommageant deux autres), rappelle-t-il aussi. Yves Turier est porté disparu en mer, le 22 août 1941.
Roger Bothuan, le deuxième combattant honoré par Kerlouan est un civil, résistant de la première heure. Directeur d'école du Tréas, il est aussi agent de liaison du réseau "Alliance" puis "Défense de la France". Il est arrêté le 9 juin 1944 sur dénonciation, et fusillé le 7 août 1944 par les Allemands. Il n'avait pas 34 ans.
Le troisième combattant, le lieutenant Albert-Yann Tanguy, commence sa carrière dans la marine en mars 1939, servant sur le Georges Leygues, l'Alcyon et le Fantasque et participe au débarquement en Corse, où s'illustre le 1er Choc. Il rejoint alors l'école d'aspirants de Cherchell, puis le bureau central de renseignement et d'action (BCRA). En novembre 1944, il est désigné par la DGER (qui a succédé au BCRA), pour la mission française à Calcutta, puis à Kunming, jusqu'en août 1945, avant de rallier l'Indochine.
Rentré en métropole à l'été 1946, il rejoint le 2e Choc, puis le 1er Choc, à nouveau en Indochine. Officier rens puis chef de la 3e section de la 3e compagnie, il est tué le 7 novembre 1947 à la tête de sa section, dans la région de Bac-Kan, pendant l'opération Léa. Il sera fait chevalier de la légion d'Honneur à titre posthume.
Il est apparenté au Premier maître Jean-François L'Her, également Kerlouanais. La marine a donné son nom à un aviso, parrainé par Kerlouan, qui s'est illustré, le 1er janvier 2009 dans la lutte contre les pirates, au large de la Somalie (2).
Premier maître maneouvrier, ce Kerlouanais est aussi capitaine d'armes de la base aéronavale de Berck, en 1940. Il est fauché par une mitraillette allemande, le 23 mai, en défendant le fort de la Tour de l'Ordre, à Boulogne-sur-Mer. Il meurt deux jours plus tard. Le 18 avril 1941, il sera fait chevalier de la Légion d'Honneur.

(1) qui a milité pour que les noms des trois rues soient attribués à des combattants issus de Kerlouan. L'ouvrage cité, publié en associatif, est un modèle du genre pour la mémoire.
(2) comme le monde est petit, cette opération de 2009 est décrite dans le hors série de Raids Opex 2009.